Les chaînes privées ont chiffré à 150 millions d'euros la ponction sur le marché du retour de la publicité sur les chaînes publiques jusqu'à 21 heures.
Toutes les chaînes privées ont eu vent du projet gouvernemental qui
consiste à rétablir sur la publicité jusqu'à 21h afin de renforcement le
financement du service public. Aurélie Filippetti n'a
d'ailleurs cessé de répéter pendant la campagne et depuis sa nomination
que ce serait sa priorité. La ministre de la Culture avait même
envisagé la création d'une redevance sur les résidences secondaires pour
accroître les ressources du service public. Il ne semble pas cependant
que cette piste soit la seule qui soit retenue, Matignon comme Bercy ayant
aussi imaginé de ponctionner le marché publicitaire. Toucher à la
redevance, c'est s'attaquer à un symbole qui plairait d'autant moins aux
Français que ceux-ci vont être soumis à des prélèvements fiscaux plus
importants.
En commercialiser des écrans de publicité jusqu'à 21 heures, France Télévisions conforterait
ses recettes publicitaires sur le déclin cette année. Il lui
manquerait, selon les dernières prévisions, 40 millions d'euros nets en
2012. Les télévisions privées qui ont eu vent de ce projet, TF1, M6, NRJ, commencent à se mobiliser et ont déjà fait chiffré par leurs régies, les conséquences de cette mesure. France 2 récolterait 100 millions d'euros, France 3,
50 millions d'euros, France 4 et France 5 quelques millions. « Ce
prélèvement serait déjà dommageable en soi, confie un opérateur privé,
s'il ne venait s'ajouter à la baisse de 175 millions d'euros que nous
allons enregistrer sur le marché publicitaire TV cette année. Si le
gouvernement ne renonce pas à cette initiative, ce sont 325 millions d'euros au minimum que nous allons perdre cette année ».
Des chaînes comme NRJ 12, BFM TV
auront les plus grandes difficultés à préserver l'équilibre des
budgets. Des chaînes de la TNT changeront d'actionnaires ou
disparaîtront tandis que d'autres procèderont à des licenciements. Canal+ s'interrogera sur l'opportunité de poursuivre jusqu'à son terme le rachat de Direct 8 et Direct Star dont la marge de manœuvre a déjà été entravée par les contraintes très lourdes que l'autorité de la concurrence leur impose.
En
outre, les grandes chaînes généralistes, TF1, M6 qui ont été
assujetties à une taxe de 0,5% sur leur chiffre d'affaires destinée à
compenser l'effet d'aubaine dont elles auraient bénéficié quand le
service public a supprimé la publicité après 20 heures, demanderont sa
suppression. Dans un contexte aussi tendu, la machine infernale n'est
pas loin de se déclencher Le panorama ne serait pas complet si l'on
oubliait la plante déposée à Bruxelles
par les opérateurs télécoms dont France Télévisions fera peut-être les
frais. Les fournisseurs d'accès à internet sont, en effet, assujettis à
une taxe dont le produit collecté par l'Etat français est reversé à
l'audiovisuel public. Or, il est expressément interdit, en droit
européen qu'une taxe soit affectée à une entreprise publique. Si
Bruxelles devait donner raison aux Fai, l'Etat devrait alors trouver 800
millions d'euros pour compenser la suppression de cette taxe.
L'audiovisuel public se révèle pour François Hollande comme l'un des dossiers les plus préoccupants de sa mandature.
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