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vendredi 15 juin 2012

Euro 2012 : « Faire passer des messages par le sport ».

À l'occasion de France-Ukraine, Michel Desbordes, auteur de Néomarketing du sport, et Martin Couturié du Figaro évoquent les enjeux financiers de l'organisation d'une grande compétition sportive. (Émission enregistrée jeudi)



Pour son deuxième match de poule dans l'Euro 2012 de football, la France rencontre l'Ukraine, coorganisatrice de la compétition avec la Pologne. «C'est une équipe à notre portée, analyse Martin Couturié, rédacteur en chef du service des sports du Figaro. Le vrai danger de cette équipe, c'est Andreï Chevtchenko, qui a quand même 35 ans. Le reste de l'équipe est très jeune et joue essentiellement en contre. Le match s'annonce difficile pour eux, car ils auront beaucoup de pression. Côté français, les Bleus doivent gagner. C'est impératif dans ce genre de compétition de gagner le deuxième match.» Côté ukrainien, la ferveur du public devrait en tout cas être au rendez-vous.
En 2007, lors de l'attribution de la compétition à ces deux États, Michel Platini, à l'époque tout nouveau président de l'UEFA, s'était déclaré triste de ce choix. «Ce qu'il a voulu dire, c'est qu'il était triste que l'on fasse l'organisation dans deux pays, car on sait que, traditionnellement, la coorganisation pose beaucoup de problèmes en termes d'infrastructures, de respect des délais, de budget», tempère Michel Desbordes, spécialiste du marketing du sport et créateur de la société de conseil MX Sports, qui travaille notamment pour l'UEFA.

Amortissement des investissements sur 30 ans:

Avant le début de la compétition, les inquiétudes se sont fait sentir sur la capacité des deux pays à finir les travaux à temps. L'UEFA a dû intervenir à plusieurs reprises et a mis 500 millions d'euros sur la table pour soutenir les organisateurs. Autant d'efforts de la part des deux pays pour améliorer leur image? Car les retombées positives, estimées selon les études entre 500 et 900 millions d'euros, semblent bien faibles au regard des 30 milliards d'euros engagés dans l'amélioration des infrastructures. «On met dans ce budget beaucoup de choses (autoroutes, aéroports, hôtels), que l'on va amortir finalement sur 20 ou 30 ans, et qui ne sont pas des investissements uniquement liés à l'événement. Si l'on mettait dans le budget de l'Euro 2016 (organisé par la France, ndlr) le coût des nouvelles lignes de TGV construites, on aurait un budget catastrophique», explique Michel Desbordes, qui estime que la demande de certains d'abandonner l'organisation de l'Euro 2016 serait «une bêtise».
«Cest très rare que les événements sportifs soient des échecs. Donc organiser une grande compétition sportive est souvent bon pour l'image. En 2010, l'Afrique du Sud a gagné son combat contre l'insécurité. Bien sûr, on ne peut pas tout résoudre par le sport. On le voit avec l'Ukraine: quand il y a des problèmes politiques, le sport ne suffit pas, ajoute-t-il. Mais, globalement, on arrive à faire passer des messages par les événements sportifs.»

Les audiences au rendez-vous:

Quoi qu'il en soit, l'intérêt du public pour le ballon ne semble pas se démentir. «Plus de 10,2 millions de Français étaient devant leur poste pour France-Angleterre, c'est la troisième meilleure audience de TF1 depuis le début de l'année, détaille Martin Couturié. Le Pays-Bas-Allemagne de mercredi soir a réuni 26 % de part de marché. Ce sont de bons chiffres, même si c'est encore moins que dans d'autres pays européens, où, sur le même match, il y a eu 27 millions d'Allemands devant leur télé.»
L'Euro est donc une bonne affaire pour l'UEFA, qui tire environ 60 % de ses recettes des droits télé. «C'est beaucoup, mais la marge de manœuvre sur les autres postes de recettes, notamment la billetterie, est limitée. Fatalement, la variable d'ajustement reste la télévision», conclut Michel Desbordes.

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