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mercredi 13 juin 2012

Le secteur nucléaire réclame 15 milliards d'euros à Berlin.


Centrale nucléaire de Gundremminge, dans le sud de l'Allemagne, en juin 2011.
Centrale nucléaire de Gundremminge, dans le sud de l'Allemagne, en juin 2011.
 
 
 Les opérateurs de centrales nucléaires exigent des dommages et intérêts suite à la décision de l'Allemagne l'an dernier de renoncer à l'atome.
 
 
 La «révolution énergétique» d'Angela Merkel pourrait coûter plus cher que prévu à l'Allemagne. Les opérateurs de centrales nucléaires du pays entendent en effet obtenir réparation alors que Berlin a décidé l'année dernière de renoncer à l'atome. Résultat: les géants de la filière réclament 15 milliards d'euros de dommages et intérêts à l'État, selon le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung ce mercredi. E.ON, le numéro un allemand de l'énergie, demande à lui tout seul «au moins 8 milliards d'euros» de dédommagement. Un «ordre de grandeur» confirmé par le groupe, qui a déposé plainte auprès de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, dans l'ouest du pays, en novembre 2011. Un geste imité quelques mois plus tard, en février dernier, par son grand rival RWE. Enfin, selon le FAZ, le troisième producteur d'énergie nucléaire du pays, le groupe suédois Vattenfall, se préparerait de son côté à attaquer l'Allemagne devant un tribunal d'arbitrage de la Banque mondiale et la Cour constitutionnelle.

Ces procédures ne risquent toutefois pas de modifier le calendrier de Berlin. Un porte-parole du ministère de la Justice a indiqué que, d'une manière générale, l'instruction d'une plainte auprès de la Cour de Karlsruhe pouvait prendre jusqu'à deux ans. «Nous n'avons aucun doute sur le fait que l'abandon du nucléaire est absolument conforme à la constitution», a réagi pour sa part le porte-parole du gouvernement, Georg Streiter, lors d'une conférence de presse régulière. «Quand les plaintes auront effectivement été déposées en bonne et due forme, le gouvernement va les examiner», a-t-il ajouté.
Après la catastrophe de Fukushima, la chancelière Angela Merkel a annoncé en mai 2011 le retrait progressif du nucléaire à l'horizon de 2022. Un coup de semonce pour les industriels qui ont immédiatement essuyé de sévères contre-performances financières. En septembre dernier, Siemens a finalement capitulé et abandonné purement et simplement son activité dans le nucléaire. S'inscrivant dans la stratégie du gouvernement fédéral, le groupe, déjà en pointe dans l'éolien, a ainsi préféré se renforcer encore dans le domaine des énergies renouvelables. Une transition moins facile pour E.ON et RWE, qui ont mis en place des plans d'économies et des licenciements. Au total, Siemens a évalué la facture pour l'Allemagne de l'arrêt du nucléaire à 1700 milliards d'euros d'ici à 2030. Avant lui, RWE avait lui aussi chiffré le coût de la sortie de l'atome, à 250 à 300 milliards d'euros. Un écart très important que les experts expliquent notamment par la difficulté d'évaluer le coût du démantèlement, qui varie selon la stratégie adoptée et la durée des opérations.

L'enlisement de la transition énergétique:

Toujours est-il que face à la fronde des industriels, Angela Merkel entend continuer à défendre son modèle de sortie du nucléaire. Et ce, d'autant plus que la transition énergétique outre-Rhin montre des signes d'enlisement. «Est-elle encore à portée de main?», s'interrogeait récemment le quotidien conservateur Bild. «L'objectif visant à porter la part des énergies renouvelables à 40 % d'ici 2022, après l'arrêt de la dernière centrale nucléaire, semble inatteignable.» Pour relancer la dynamique, la chancelière allemande n'a pas hésité, fin mai, à congédier brutalement son ministre de l'Environnement, Norbert Röttgen, qu'elle estimait plus concentré sur ses ambitions personnelles que sur l'Energiewende (transition énergétique). En attendant, les réclamations d'E.ON et RWE choquent les associations environnementales, qui les qualifient d' «incroyablement osées». Selon Jochen Stay, porte-parole de l'organisation anti-nucléaire Ausgestrahlt cité par le journal The Local , «les dommages dans cette affaire ne viennent pas de la fermeture des centrales, mais de ce que celles-ci font lorsqu'elles sont en fonctionnement».

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