DÉCRYPTAGE - L'Espagne espère voir accepter un plan de relance de quelque 100 milliards d'euros tout en restant pleinement aux commandes.
De l'Europe compliquée, il faut toujours en revenir avec des idées
simples. Un fonds de sauvetage européen va donc prêter directement à un
fonds public espagnol, lequel recapitalisera les banques dans le besoin.
Mais c'est le gouvernement de Madrid en personne qui en a fait la
demande et, juridiquement, lui seul sera garant des capitaux avancés.
Ils pourraient atteindre 100 milliards d'euros, c'est l'enveloppe
promise. Le conditionnel s'impose, car la somme exacte dépendra des
missions d'audit bancaire, qui rendront leurs conclusions d'ici à la fin
juin.
Un accord international fonctionne comme une auberge espagnole. On n'y trouve que ce qu'on y apporte. Rien n'est fixé à l'avance. Chacun entre avec ses exigences et ressort de la négociation avec quelques concessions.
Le gouvernement Rajoy voulait deux choses, obtenir de l'argent et préserver sa souveraineté. Il s'agissait d'abord de rester maître chez soi dans l'opération de restructuration des banques, alors qu'il n'en avait pas les fonds ni les capacités d'emprunt pour y parvenir. Second desiderata, Madrid refusait impérativement que l'État espagnol soit le réceptacle de l'aide. Cela aurait impliqué des conditions draconiennes inhérentes à tout plan de sauvetage international. Demander à son peuple un surcroît d'austérité alors que les responsables sont les banques et leurs actionnaires lui paraissait inacceptable.
La face est sauve. Mais «le diable est dans les détails», selon la formule utilisée par la presse madrilène. Le contrôle des banques qui va se mettre en place se fera sous la tutelle partagée de la Banque d'Espagne et de l'Autorité bancaire européenne (EBA). De leur côté, les marchés vont rester sur leur garde. Car le beau mécanisme concocté ce week-end n'empêchera nullement que la dette publique de l'État espagnol - garant en dernier ressort - va grossir mécaniquement de 5% à 12% (du PIB) selon l'importance des fonds tirés, a calculé la Deutsche Bank.
Tout en bénissant «le pare-feu» mis en place par l'Europe, «le FMI se tient prêt, à l'invitation des membres de l'Eurogroupe, à apporter son soutien à la mise en œuvre et à la surveillance de cette assistance financière», a souligné Christine Lagarde, sa directrice, qui a participé à la négociation. La Puerta del Sol, le cœur de Madrid, est sous haute surveillance, quoi qu'on en dise.
Quant à Pierre Moscovici, notre ministre des Finances, il voit dans l'aide aux banques espagnoles «un signal très fort de solidarité». La France a le cœur sur la main dès qu'il s'agit d'argent public. La mutualisation des dettes européennes s'approfondit de facto. Mais ses bénéficiaires, présents ou potentiels, devront ravaler une part de leur souveraineté, par la force des choses et des créanciers.
Un accord international fonctionne comme une auberge espagnole. On n'y trouve que ce qu'on y apporte. Rien n'est fixé à l'avance. Chacun entre avec ses exigences et ressort de la négociation avec quelques concessions.
Le gouvernement Rajoy voulait deux choses, obtenir de l'argent et préserver sa souveraineté. Il s'agissait d'abord de rester maître chez soi dans l'opération de restructuration des banques, alors qu'il n'en avait pas les fonds ni les capacités d'emprunt pour y parvenir. Second desiderata, Madrid refusait impérativement que l'État espagnol soit le réceptacle de l'aide. Cela aurait impliqué des conditions draconiennes inhérentes à tout plan de sauvetage international. Demander à son peuple un surcroît d'austérité alors que les responsables sont les banques et leurs actionnaires lui paraissait inacceptable.
«Le diable est dans les détails»;
Sur la forme, ses vœux sont exaucés. L'Espagne échappe à un programme de stabilisation imposé de l'extérieur par le FMI, le bras séculier des autorités et des gouvernements européens, comme en ont subi la Grèce, l'Irlande et le Portugal.La face est sauve. Mais «le diable est dans les détails», selon la formule utilisée par la presse madrilène. Le contrôle des banques qui va se mettre en place se fera sous la tutelle partagée de la Banque d'Espagne et de l'Autorité bancaire européenne (EBA). De leur côté, les marchés vont rester sur leur garde. Car le beau mécanisme concocté ce week-end n'empêchera nullement que la dette publique de l'État espagnol - garant en dernier ressort - va grossir mécaniquement de 5% à 12% (du PIB) selon l'importance des fonds tirés, a calculé la Deutsche Bank.
Tout en bénissant «le pare-feu» mis en place par l'Europe, «le FMI se tient prêt, à l'invitation des membres de l'Eurogroupe, à apporter son soutien à la mise en œuvre et à la surveillance de cette assistance financière», a souligné Christine Lagarde, sa directrice, qui a participé à la négociation. La Puerta del Sol, le cœur de Madrid, est sous haute surveillance, quoi qu'on en dise.
Vers une mutualisation croissante des dettes européennes:
Restent les vrais bailleurs de fonds de l'opération. Non pas les «fonds de soutien» européens, le FESF et autre MES appelé à lui succéder (l'Europe c'est compliqué): ce ne sont que des comptes écrans des États de la zone euro et de leurs contribuables, les seuls payeurs. Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand, primus inter pares, en a profité pour demander à ses voisins une ratification «rapide» du MES et du traité budgétaire européen, dont la fameuse «règle d'or». Une invite à peine déguisée au Parlement français qui va sortir des urnes.Quant à Pierre Moscovici, notre ministre des Finances, il voit dans l'aide aux banques espagnoles «un signal très fort de solidarité». La France a le cœur sur la main dès qu'il s'agit d'argent public. La mutualisation des dettes européennes s'approfondit de facto. Mais ses bénéficiaires, présents ou potentiels, devront ravaler une part de leur souveraineté, par la force des choses et des créanciers.
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