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samedi 16 juin 2012

Où sont passés les milliards d'euros d'aide à la Grèce.

Devant le parlement grec, à Athènes.
Devant le parlement grec, à Athènes.


 Seul un dixième environ des 125 milliards d'euros prêtés à la Grèce depuis mai 2010 ont fini dans les caisses de l'État. Le reste a servi à rembourser dans les temps une partie de la dette colossale du pays.



La France, l'Allemagne est les autres partenaires européens de la Grèce ont versé, depuis mai 2010, 125,6 milliards d'euros au pays le plus en difficulté du Vieux continent. À quoi ont servi ces milliards? Principalement à deux choses: rembourser la dette accumulée ces dernières décennies par le pays, et financer le déficit de l'État, c'est-à-dire combler le fossé entre dépenses et recettes.
«L'argent a surtout servi à rembourser la vieille dette qui comblait elle-même les déficits passés», résume Jesus Castillo, économiste chez Natixis. Contactée par Le Figaro.fr, la Commission européenne, qui surveille l'exécution du plan grec, n'a pas été en mesure de donner des précisions sur l'usage de ces sommes à Athènes. Il ressort d'après nos calculs qu'environ un dixième de l'aide a été consacré à combler les caisses vides de l'État. Le reste a été alloué au paiement des intérêts sur la dette, au remboursement des échéances et au renforcement des banques grecques au bord de l'effondrement.

«La troïka se paie essentiellement elle-même»:

Comme la Banque centrale européenne (BCE) a racheté, en 2010, entre 47 et 55 milliards d'euros de dette grecque pour ralentir la progression de la crise, c'est à elle que revient, au final, la majeure partie de l'aide. Ainsi, 88% des remboursements d'emprunts que doit effectuer la Grèce d'ici fin 2012 concernent des titres détenus par la BCE. «La troïka (Banque centrale européenne, Commission européenne et FMI) se paie essentiellement elle-même en octroyant l'aide à la Grèce», en concluent les économistes d'une grande banque américaine. «Avec l'argent des versements qui reste, l'État peut financer son déficit», ajoute Thibaut Mercier, économiste chez BNP Paribas.
Pour être sûrs que la Grèce n'utilise pas l'argent à mauvais escient, ses partenaires ont décidé, depuis le début du second plan d'aide en mars dernier, de verser l'argent sur un compte bloqué. En effet, durant le 1er plan (mai 2010-décembre 2011), le gouvernement a eu tendance à puiser dans l'aide qui était destinée à rembourser la dette pour financer les dépenses courantes de l'État, reconnaît un ancien membre des missions européennes à Athènes. L'incitation à rétablir les finances publiques était donc faible.
Le compte bloqué, «c'est un élément qui peut avoir son importance si les Grecs se montrent moins coopératifs», continue cet ex-haut fonctionnaire européen. En clair, si Athènes ne remplit pas ses objectifs, le financement octroyé pour financer le déficit grec peut être stoppé tandis que celui destiné à la dette peut toujours être versé. Ce fut d'ailleurs le cas en mai dernier. Un milliard d'euros, destiné aux caisses de l'État, a été retenu sur le dernier versement européen dans l'attente des résultats des élections.
La pression qui s'exercera sur le futur gouvernement sera forte. Athènes n'a plus, selon la presse, que deux milliards d'euros en caisse pour payer factures, fonctionnaires et pensions de retraites. De quoi tenir, a-t-il calculé, jusqu'au 20 juillet.

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