Le principe des euro-obligations (ou eurobonds), presque enterré, n'est pas complètement mort pour autant. Deux jours avant un sommet européen crucial pour l'avenir de l'euro, un rapport préparatoire officiel en fait mention comme ultime touche à une future union budgétaire. «Dans une perspective de moyen terme», la mise en commun des dettes des États de la zone euro «pourrait être explorée», est-il écrit dans ce document.
Les auteurs de ce texte ne sont pas n'importe qui: le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le président du Conseil européen Herman van Rompuy, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi et le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker. Ils défendent une position prudente, qui se rapproche en cela des dernières déclarations de Paris sur un sujet qui exaspère Berlin. Longtemps fervent défenseur d'une mise en commun rapide des dettes publiques, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a en effet adouci sa position la semaine dernière, parlant d'une «perspective» à l'horizon de «plusieurs années».
Les hauts dirigeants européens auteurs du rapport présentent les eurobonds comme une contrepartie au renforcement de la surveillance des budgets nationaux par les autorités européennes. En somme, vu des capitales des pays fortement endettés, la carotte après le bâton. Elles seraient ainsi «subordonnées aux progrès de l'intégration budgétaire». Elles ne seraient pas mises en place du jour au lendemain mais établies «de façon progressive, de façon à ce que les progrès dans la mise en commun des décisions sur les budgets s'accompagnent de progrès de même ordre dans la mutualisation des risques», est-il écrit.
«Toute la réputation des euro-obligations»:
Autre voix européenne à défendre les euro-obligations, celle ce mardi du vice-président de la Commission européenne, Joaquin Almunia. Toutefois, reconnaît-il, «politiquement ce n'est pas possible» de les mettre en place immédiatement, «mais il est nécessaire de discuter de comment nous allons vers les euro-obligations, discuter des étapes intermédiaires». «On place toute la réputation de la zone euro dans une euro-obligation», a-t-il expliqué.Berlin est fortement opposé à la mise en commun des dettes. «La médiocrité ne doit pas devenir l'étalon en zone euro!», s'est ainsi exclamée la chancelière allemande Angela Merkel. Et d'expliquer que «les réflexions sur la mutualisation de la dette sont peut-être dans l'intérêt de certains sur les marchés, mais elles mèneraient l'Allemagne à la médiocrité».
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