L'exécutif a pris conscience de l'extrême fragilité de certains fleurons industriels et prend des mesures ambitieuses pour enrayer la perte de compétitivité du pays.
En juillet, l'annonce de la fermeture de l'usine PSA d'Aulnay et les 8.500 suppressions de postes
avaient provoqué une colère exceptionnelle de la part du gouvernement
et du chef de l'État. On se souvient de François Hollande jugeant, le
14 juillet, que la fermeture de ce site était tout simplement
inacceptable. Un vrai coup de semonce qui sonnait comme un marqueur du
gouvernement en matière de politique industrielle et d'emploi.
Quel contraste, à peine six mois plus tard, avec ce qu'il faut bien appeler l'affaire Renault! Le constructeur, dont l'État détient 15 % du capital, a annoncé la semaine dernière son souhait de supprimer 7.500 postes en France
d'ici à fin 2016 dans le cadre de son projet de plan de compétitivité
emploi. Une telle initiative avait tout pour provoquer un nouvel accès
de fièvre au sein du gouvernement, en particulier de la part du
bouillonnant ministre du Redressement productif. Or, Arnaud Montebourg
a jugé le projet de Renault acceptable, car conforme à ses exigences:
«Premièrement, pas de plan social, pas de licenciement. Cette première
ligne rouge est respectée. Deuxièmement, pas de fermetures d'usines, pas
de fermetures de sites: la deuxième ligne rouge est respectée.»
Depuis
plusieurs jours, les commentaires de tous les représentants du
gouvernement s'en tiennent à cette ligne, alors même que la gauche et
les syndicats, très remontés, jugent que le projet de Renault n'est pas
plus défendable que celui de PSA.
À l'heure des comptes, les deux industriels préparent en effet la
suppression de près de 17 % de leurs effectifs en France dans les
prochaines années, soit plus de 18.000 postes si l'on intègre les
départs naturels dans les deux ans qui viennent chez PSA.
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Peu de place à l'ingérence:
Cette
différence d'approche, le gouvernement l'assume. Car depuis six mois,
l'exécutif a fait beaucoup de chemin. Le temps où il pensait qu'il
suffisait d'interdire des licenciements ou des fermetures d'usines pour
faire une politique industrielle semble révolu. Avec l'affaire Peugeot,
l'exécutif a pris conscience de l'extrême fragilité de certains fleurons
industriels et, grâce au rapport Gallois, mesuré la gravité de la perte de compétitivité du pays.
Peu
à peu, le principe de réalité s'est imposé à lui, au point de
convaincre Jean-Marc Ayrault et François Hollande de prendre des mesures
ambitieuses. Il y a tout d'abord le crédit d'impôt compétitivité, qui vise à réduire le coût du travail à hauteur de 20 milliards d'euros en année pleine. Vient ensuite le projet d'accord sur la sécurité et la flexibilité du marché du travail
négocié par les partenaires sociaux, qui doit être rapidement soumis au
Parlement et que le gouvernement souhaite voir voter en l'état.
Une
telle inflexion politique, si elle n'empêche pas la vigilance des
pouvoirs publics, laisse désormais peu de place à l'ingérence lorsqu'une
entreprise tente de se réformer pour retrouver de la compétitivité.
C'est ce que fait le gouvernement dans l'affaire Renault. Pour
l'instant.
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