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jeudi 14 juin 2012

Le tourisme pris de court par l'allongement de la Toussaint.


A mi-chemin entre les vacances d'été et de Noël, les vacances de la Toussaint ne sont pas les plus «stratégiques» pour le secteur du tourisme. Crédit photo: François BOUCHON / Le Figaro.
A mi-chemin entre les vacances d'été et de Noël, les vacances de la Toussaint ne sont pas les plus «stratégiques» pour le secteur du tourisme.
 
 
 Les professionnels du secteur regrettent que le ministre de l'Éducation nationale ait pris cette décision sans concertation. Ils craignent, en contrepartie, un rabotage des vacances d'été et des week-ends.
 
Cueillis à froid. C'est ainsi que se sentent les professionnels du tourisme, après l'annonce surprise de Vincent Peillon ce jeudi. Ce dernier a déclaré que les vacances de la Toussaint seraient allongées de quatre jours et ce, dès la rentrée de 2012. Initialement prévues du samedi 27 octobre au jeudi 8 novembre, celles-ci devraient donc être prolongées jusqu'au lundi 12 novembre au matin. À peine nommé, le ministre de l'Éducation nationale s'était déjà attaqué à la semaine de quatre jours. «Toutes ces décisions ont été annoncées sans concertation», déplore Jean-Marc Rozé, le secrétaire général du Syndicat national des agences de voyages (SNAV). Il se dit d'autant plus surpris que le précédent gouvernement avait lancé un travail de réflexion sur les rythmes scolaires «auquel nous avions été associés». En réaction à la sortie de Vincent Peillon, le Conseil national du Tourisme (CNT), l'instance de concertation collective de l'État avec les acteurs de la filière, a immédiatement convoqué les professionnels à une réunion sur ce thème «début juillet», rapporte-t-on à la Féderation nationale des offices du tourisme (FNOTSI).

L'enjeu de la réforme est de taille pour le secteur du tourisme, qui pèse 78,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 7% du PIB français. Or, les professionnels s'inquiètent des conséquences «mécaniques» de l'allongement des vacances de la Toussaint. «Cette proposition induit-elle un raccourcissement des vacances d'été?», s'interroge Jean-Marc Rozé. Selon lui, une telle mesure entraînerait «une concentration des départs en vacances» sur une période plus courte, ce qui «se traduirait automatiquement par une hausse des prix». «Au final, de nombreux foyers ne pourraient plus partir», conclut-il. Une inquiétude que partage Roland Héguy, président confédéral de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), alors que la filière hôtelière se bat déjà contre un retour à l'école le samedi qui lui ferait perdre quelque 60.000 nuitées. «Afin d'éviter cet engorgement, nous prônons un étalement des vacances d'été, sur le modèle des trois zones A, B et C, du 15 juin à mi-septembre.»

La Toussaint, pas une «période clé»:

Pour Roland Héguy, toutefois, «le rallongement des vacances de la Toussaint ne doit pas se faire non plus au détriment d'autres périodes scolaires importantes pour le secteur, en particulier noël, février et les ponts de mai». Ni en été, ni en hiver, la Toussaint n'est «pas une période propice aux voyages à l'étranger ou en famille», juge-t-il. Désormais étendue à deux semaines, elle pourrait pourtant le devenir, veut croire René-Marc Chikli, président de l'association des tour-opérateurs CETO. «Ce scénario idéal nous arrange bien, car il nous permet de doper notre offre», précise-t-il.
Alors que les voyagistes préparent plusieurs mois en avance leurs «packages», le responsable relativise l'impact de ce changement de calendrier scolaire sur la saison 2012. «Nous avons déjà des difficultés à vendre nos séjours pour cet été, alors seules les destinations lointaines ou les prestations les plus chères sont déjà réservées pour la Toussaint.» Quant aux agences de voyage qui font du «sur mesure», elles se frottent les mains. «Nos produits en vitrine sont modifiables à l'envi et nous pouvons facilement ajouter deux nuits à nos séjours pour nous adapter à ce nouveau calendrier», explique-t-on chez Voyageurs du monde. Ce qui ouvre des perspectives sur les destinations lointaines «très prisées pour les voyages en famille», comme le Mexique. Et, ainsi, d'ajouter au catalogue des formules à des prix plus élevés.

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