Infolinks

Google Recherche

lundi 7 mai 2012

L'Allemagne ajuste son tandem avec la France.

Pour Angela Merkel, les promesses électorales du candidat socialiste ne sont pas gravées dans le marbre.
Pour Angela Merkel, les promesses électorales du candidat socialiste ne sont pas gravées dans le marbre.


 La chancelière Angela Merkel veut croire qu'Hollande cherchera une «solution pragmatique» à leurs désaccords.



C'est un rude coup pour Angela Merkel. La chancelière allemande a perdu dimanche soir son plus proche allié pour s'imposer face à ses partenaires européens dans la gestion de la crise de l'euro. La défaite de Nicolas Sarkozy, qu'elle aura soutenu jusqu'au bout, est aussi un peu la sienne. Cependant, son parcours politique en atteste: Merkel est douée pour s'adapter aux nouvelles réalités. Cela fait déjà plusieurs semaines que son équipe se prépare à l'éventualité d'une victoire de François Hollande. Le socialiste ne fait plus peur à Berlin. Son premier coup de fil, dimanche soir, devait être pour la chancelière.
François Hollande avait passablement irrité les Allemands en promettant pendant sa campagne de ne pas ratifier en l'état le traité de discipline budgétaire. Le candidat socialiste voulait y inclure un volet de mesures de soutien à la croissance, portant notamment sur le financement au niveau européen de grands projets industriels ou environnementaux. Merkel avait répondu sèchement qu'il n'y aurait pas de renégociation du texte, considéré à Berlin comme l'aboutissement de sa vision d'une Europe imprégnée de la «culture de stabilité» germanique. Avant de faire un petit pas en direction d'Hollande en indiquant que l'Union européenne préparait «un agenda croissance» en vue du sommet de fin juin.
Hollande, qui a dit vouloir s'inscrire dans la tradition franco-allemande en effectuant son tout premier déplacement outre-Rhin, est attendu à Berlin en fin de semaine ou au tout début de la semaine prochaine, dans la foulée de son investiture. Il devrait s'entretenir de façon informelle avec la chancelière de la manière d'amender le traité. Merkel veut empêcher que les initiatives de soutien à la croissance ne retardent sa ratification. Pour déjouer tout risque d'isolement, elle a déjà rallié l'Italien Mario Monti. Et elle cherche à rassembler autour de leur tandem un nombre significatif des vingt-cinq pays signataires du traité, afin de ratifier le texte sans attendre la France.

Berlin veut croire qu'Hollande saura rechercher une «solution pragmatique», selon un protocole de discussions entre l'équipe du candidat socialiste et des diplomates allemands, cité par les médias outre-Rhin. «Hollande et son équipe veulent s'inscrire dans la continuité du travail franco-allemand pour l'Europe», souligne la note. Depuis plusieurs semaines, Michel Sapin, auteur du projet économique d'Hollande, et Jean-Louis Bianco s'efforcent de rassurer la chancelière à travers des contacts avec ses conseillers les plus proches. Des deux côtés du Rhin, on souhaite désamorcer des «couacs» qui, en pleine tempête de l'euro, seraient immédiatement sanctionnés par les marchés.

Des «vérités douloureuses»:

L'entourage de Merkel a insisté sur les lignes rouges de la chancelière. L'introduction d'eurobonds reste un sujet tabou à Berlin. Tout comme une relance de la croissance par un vaste programme de dépenses publiques. L'Allemagne estime que son modèle de réformes structurelles est l'exemple à suivre pour l'Europe. Et elle espère qu'Hollande se contentera d'un coup de pouce symbolique à la croissance. Pour Berlin, les promesses électorales du candidat socialiste ne sont pas gravées dans le marbre. Et il aurait conscience qu'il devra annoncer des «vérités douloureuses» aux Français dès le début de son mandat. L'Allemagne redoute par-dessus tout que l'arrivée d'Hollande au pouvoir n'enterre toute volonté réformatrice en France. Et de devoir porter seule à bout de bras l'Europe et la monnaie unique. Hollande «juge superflues les indispensables réformes économiques, de la retraite et du marché du travail, se désole le quotidien Bild dans un éditorial. L'économie française dévisse. Si Hollande détourne le regard, elle continuera de reculer. Alors l'Allemagne se retrouverait seule sans partenaire fort, avec un gros point d'interrogation à côté de l'euro.»
Quelque peu rassuré par ses contacts avec l'équipe Hollande, Berlin est animé par un espoir: que les réalités économiques et la pression intransigeante des marchés sauront convaincre le socialiste français de se muer en un social-démocrate d'inspiration allemande.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire